Pour la sortie de Là où naissent les glaces de Jean Krug (le livre est déjà en librairie, sautez dessus !), nous avons posé quelques questions à l’auteur, que vous en sachiez plus sur ce qui l’a poussé à écrire un roman historique de la sorte. Évidemment, Argyll ne pouvait pas ne pas saisir la balle au bond…

Bonjour Jean. Tu es plus connu pour tes récits de Science-Fiction, mais ici, avec Là où naissent les glaces, tu passes à un autre genre, celui du roman historique. Comment s’est déroulée l”écriture du roman et quelle en est sa genèse ?
Bonjour Argyll ! Effectivement, j’ai commencé à écrire de la Science-Fiction, qui a toujours été mon genre littéraire favori. Mais je me passionnais également pour l’histoire des pôles. Il y a deux ans, à Lyon, j’ai eu la chance d’échanger un peu plus longuement avec Simon Pinel, qui avait repéré Le Chant des Glaces à l’époque, et avec qui je suis resté en contact. Je lui ai parlé de ce projet un peu différent que j’avais en tête : un roman historique polaire avec une touche d’imaginaire, un peu dans le genre de Terreur (Dan Simmons). En discutant, on en a conclu que l’expédition dont je voulais raconter l’histoire était suffisamment incroyable pour qu’il n’y ait pas besoin d’imaginaire. Et c’était parti !
Bien sûr, le travail en amont, sur un projet historique, est complètement différent. Au lieu d’imaginer des mondes scientifiquement crédibles dont j’ai besoin pour écrire de la SF, je me suis documenté sur les expéditions polaires passées, les enjeux politiques et scientifiques, et la navigation à l’époque. J’ai troqué l’anticipation contre l’archive. Et je dois admettre que me replonger dans de vieux documents, journaux de bord et esquisses de cartes, c’était aussi passionnant que d’en créer de nouveaux !
Tu es glaciologue, donc tu sais de quoi tu parles quand tu places tes récits dans le froid antarctique. C’est un atout supplémentaire, j’imagine, quand on s’attaque à une fiction historique de ce genre, ainsi localise… ?
Oui ! Cette expédition se déroule en Antarctique, dans un secteur que je connais bien (la Péninsule Antarctique), puisque j’ai eu l’occasion de m’y rendre à plusieurs reprises. Il faut savoir qu’il y a là-bas, sur une petite île (l’île Paulet), un reste de vieille hutte en pierre avec une plaque commémorative dédiée à l’expédition suédoise de 1901-1903. Les visiteurs passent devant, mais s’arrêtent rarement, parce qu’il y a une colonie de manchots à côté, qui est bien plus intéressante ! Pourtant, l’histoire relayée par cette plaque est tellement folle que c’est devant elle que les gens devraient s’arrêter ! C’est comme ça que j’ai eu envie de raconter cette aventure.
J’avais aussi envie de faire sentir ce que c’est d’affronter le froid polaire, la glace, le vent, avec les conditions très difficiles de l’époque en termes de nourriture, de vêtements, de technologie. Les glaciologues d’aujourd’hui connaissent bien mieux les phénomènes météorologiques et la dynamique des calottes polaires, des glaciers, des icebergs. Et quand on va sur place, ça arrive de rester coincé dans la banquise ou d’être pris dans le brouillard. Mais on a des Zodiacs, des GPS, des radios et des vestes en Gore-Tex ! Tout cela me rend vraiment admiratif des marins de l’époque, et je voulais, à ma modeste mesure, leur rendre hommage.

Qu’est-ce qui t’a attiré au préalable dans cette histoire ? Et es-tu toi-même friand de ce genre de récits ?
C’est petit à petit que j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire de l’exploration de l’Antarctique. À la base, en tant que glaciologue, je n’allais là-bas que pour parler de glace ou étudier les glaciers. Pas l’histoire ni ceux qui la font. Pour le travail, je me suis documenté sur les grands noms, Scott, Amundsen, Ross, Shackleton, Charcot. Les explorateurs soutenus par les sociétés savantes, les navigateurs en vogue, placés dans les hautes sphères.
Et puis, j’ai découvert les autres, les plus petites expéditions, menées par des passionnés souvent méconnus, et qui devaient se battre pour accomplir leurs rêves. Rien ne leur était acquis et ils ont dû risquer leur vie pour être reconnus. L’expédition antarctique suédoise était de celles-là. Son histoire est plus folle que toutes les autres. Elle m’a passionné !
Et puis, j’ai lu cette phrase, d’un grand navigateur français, Jules Dumont d’Urville (Découvreur de la terre Adélie, en Antarctique, en 1840) : « L’équité ne vient s’asseoir que sur un cercueil. » C’est une phrase qui caractérise bien l’état d’esprit des marins embarqués sur les navires de l’époque, où se posaient déjà les questions d’équité et de lutte des classes. Et j’avais envie de parler de cela.
Pourtant, ma connaissance du roman historique est assez parcellaire. Je lis davantage de journaux d’explorateurs que de romans historiques ! Mais je dois admettre que j’ai été proprement embarqué par deux très beaux romans, Sous le vent de la liberté (Léourier) et Les naufragés du Wager (Grann), qui m’ont bien inspiré dans la manière d’écrire.
As-tu des dates de dédicaces ou rencontres prévues ?
J’ai quelques rencontres prévues ces prochains temps, avant un prochain départ pour l’Antarctique en novembre.
Pros :
– Rentrée littéraire d’Auvergne Rhône-Alpes Livre et Lectures, à Lyon, Théâtre Odéon, le lundi 8 septembre, suivie d’une autre à Clermont-Ferrand, le lundi 29 septembre.
Tout public :
– Festival Etrange Grande, Hettange-Grande, 19-21 septembre.
– Soirée coup de cœur de la librairie La Procure, à Lyon Bellecour, jeudi 2 octobre.
– Rencontre Jean Krug et Floriane Soulas, à la bibliothèque Marguerite Audoux à Paris, le samedi 18 octobre.
– Rencontre et dédicaces avec Jean Krug le vendredi 24 octobre à la Librairie Lavigne, à Montbrison, à partir de 17h.
– Les Utopiales, Nantes, 30 octobre au 2 novembre.
Merci à vous !
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