Carol Emshwiller naît dans le Michigan, à Ann Arbor, en 1921. Éduquée par une mère au sens de l’humour acéré et un père professeur de linguistique, elle se considère comme une féministe qui s’intéresse beaucoup à la perception que les femmes ont de l’homme. Ainsi, elle a beaucoup écrit sur les hommes.
Durant sa jeunesse, elle vit alternativement en France et aux États-Unis, et se frotte à l’esprit européen. À ce titre, son esprit sera assez cosmopolitain. Enfant, elle connaît pourtant quelques difficultés avec les langues et rejette même l’écriture, qui ne l’intéresse pas du tout. Elle échoue d’ailleurs en première année d’anglais. C’est en rencontrant Ed Emshwiller et la communauté de la science-fiction que le déclic se fait. En suivant les discussions et les débats de cette communauté, elle comprend que les bases de l’écriture fictionnelle peuvent s’apprendre. Curieuse, elle rédige ses premières histoires et les vend aussitôt, ce qui ne l’empêche pas de prendre des cours. Elle considère que les plus intéressants qu’elle ait suivis sont sont du poète Kenneth Koch et les ateliers de science-fiction Milford. Après son mariage, elle retourne en France, étudie aux Beaux-Arts, et parcourt toute l’Europe à moto. Son mari, Ed, illustrateur dans le domaine de la science-fiction, se lance dans l’expressionnisme abstrait, ainsi que dans la réalisation de films expérimentaux. De leur relation naît une influence mutuelle. Ainsi, au fur et à mesure, Carol s’intéresse également de plus près à l’aspect expérimental de l’écriture. Après tout, son écrivain préféré est Franz Kafka. Elle s’insère complètement, aussi, dans cette petite révolution formelle que fut la période de la New Wave, née en Angleterre dans les années 60.
De plus, le couple Emshwiller fréquentait assidûment les avant-garde, qu’ils fussent musiciens, poètes ou même cinéastes. On peut citer, parmi leurs amis, le sud coréen Nam June Paik, considéré comme le premier artiste du mouvement d’art vidéo.
Carol Emshwiller enseigna à l’université de New-York jusqu’en 2003, auprès d’adultes, puis s’en alla vivre en Californie, près des Sierras et des Inyo White Mountains. Si son écriture est volontairement expérimentale, Emshwiller ne laisse cependant rien au hasard. Ses histoires sont planifiées, construites, réfléchies et son écriture, autant que laconstruction du récit, se mettent au diapason de son histoire et du propos. Une véritable orfèvre. Elle affectionne particulièrement les narrateurs « peu fiables » qui donnent leur version du monde, mais pas forcément la vérité. C’est le cas dans La Monture où les Hoots apparaissent comme beaucoup plus intelligents que les humains…oui… mais il s’agit d’une Terre sous leur domination !