Peines de mots perdus ? C’est notre nouveauté du mois chez Argyll ! Un beau roman d’aventures fantastiques, enlevé, doté d’une héroïne, Axelle de Thorenc, que vous n’oublierez pas de sitôt. L’occasion, donc, de poser quelques questions à Jean-Laurent Del Socorro, auteur à succès, comme en témoigne son Morgane Pendragon, sorti récemment chez Albin Michel Imaginaire.
Jean-Laurent, tu sors chez Argyll Peines de mots perdus, roman de fantasy et d’aventures dans l’univers de Royaume de vent et de colères. Quelle en est la genèse ?
Au départ de Peines de mots perdus, il y a l’idée d’un projet associant un nouvelle à un système de jeu de rôle. Cela a donné Noir est le sceau de l’enfer, publiée chez Didaskalie, qui marque le début des aventures d’Axelle à Londres à la fin du XVIe siècle Élisabéthain.
Mais à ce moment-là, j’avais déjà le plan complet de l’intrigue qui me servira à l’écriture de Peines de mots perdus dont Noir dont Noir est le sceau de l’enfer constitue désormais, dans une version remaniée et augmentée, la première des trois parties.
Au final, c’est un nouveau roman indépendant dans le “Royaume de vent et de colères verse” comme le surnomme une partie de mon lectorat ^^, centrée sur la chevalière Axelle de Thorenc. Un prochain livre avancera encore dans le temps et sera centré sur un autre personnage… mais il faudra patienter encore un peu pour celui-là.
Quel est ton rapport au roman historique, genre que tu mêles habilement à la fantasy ?
Je dis toujours que je fais de l’historique fantasy, car l’histoire est vraiment la porte d’entrée de mes textes. Cela peut être un événement, comme le siège de Marseille pendant les guerres de Religion dans Royaume de vent et de colères, ou une personnalité historique comme celles de Julie Maupin, escrimeuse et cantatrice sous Louis XIV, dans Une pour toutes ou la princesse spartiate Cynisca dans Vainqueuse (L’École des loisirs).
Dans le cas de Peines de mots perdus, c’est la période que je voulais investir, l’Angleterre Elisabéthaine, avec ses intrigues de cour, ses mystères et, bien entendu, ses théâtres. J’avais envie revenir dans l’univers de Royaume de vent et de colères avec ce qui fait ses particularités : plusieurs personnages, le passage du temps qui les fait vieillir, et cette dimension théâtrale de l’intrigue et du texte. Avec Peines de mots perdus, on est en plein dedans avec des dramaturges illustres comme Marlowe et Shakespeare.
Tu proposes un texte de Jane Anger dans Peines de mots perdus. D’où vient-il ? Qui était Jane Anger ?
Sa découverte résulte d’un hasard. Dans Peines de mots perdus, je voulais mettre en avant des personnages historiques féminins pour accompagner le personnage fictif d’Axelle. C’est comme ça que j’ai choisi d’intégrer la pickpocket Mary Frith et d’autres.
Mais je n’avais pas de femmes autrices pour rééquilibrer face aux hommes dramaturges dans le récit. C’est comme ça que je suis tombé sur Jane Anger, ou plutôt sur son pamphlet féministe de 1589 Pour la protection des femmes. Nous avons peu d’informations sur Jane Anger, j’ai eu ainsi beaucoup de latitude pour créer son personnage.
Son pamphlet est disponible gratuitement en ligne, malheureusement il est en vieil anglais, et donc difficile d’accès. Mais, coup de chance, une adaptation en anglais contemporain a été publiée peu avant que j’attaque l’écriture de Peines de mots perdus, et j’ai réussi à en récupérer un exemplaire.
J’ai proposé de traduire ce texte pour qu’il soit accessible au lectorat francophone. Il est proposé en bonus à la fin de livre, ainsi qu’à télécharger gratuitement en ligne, sur la page de Peines de mots perdus des éditions Argyll. Merci à Xavier et Simon d’avoir accepté, et à Marie Marquez d’avoir fait le travail d’édito sur ma traduction – et traduire un pamphlet du XVIe siècle, même court, cela restera une aventure dont on se souviendra longtemps ^^.
Cette démarche s’intègre dans mon envie de vulgarisation, comme mon travail de directeur de collection chez Didaskalie avec la publication d’actes de colloque. J’essaye toujours de traduire des extraits de textes d’autrices dans mes romans, comme par exemple ceux de la prêtresse et poétesse acadienne Enheduanna dans Vainqueuse ou encore ceux de la scalde Jórunn skáldmær pour mon futur roman autour de la mythologie nordique chez Albin Michel Imaginaire.
Dans Peines de mots perdus, Axelle va tout faire pour libérer son escouade en acceptant une dangereuse mission en Angleterre. Quelle est la part d’authenticité sur ces escouades de soldates que l’on rencontre ? Une Axelle a-t-elle réellement existé ?
Je ne me suis pas inspiré d’un personnage réel pour créer Axelle, comme je n’ai pas repéré d’escouades de soldates dans les textes historique que j’ai pu compulser. Je tiens cependant à mettre des personnages féminins à tous les niveaux sociaux, dans toutes les fonctions, dans mes textes. Je ne partage pas la position de quelques collègues qui écrivent des romans historique et qui disent : “On ne peut pas mettre de femmes dans tel ou tel rôle car, ce n’est pas historique. Je trouve que cela n’a pas toujours de sens – quand ce n’est pas inexacte.
Ma compagnie des Quarante-cinq, dirigée par Agnès de Loignac, est une allusion aux Quarante-Cinq d’Alexandre Dumas. Dans ce roman, ce sont des gentilshommes gascons qui forment la garde rapprochée du roi tandis que, dans mon texte, c’est une compagnie composée exclusivement de femmes. Je prends la même liberté pour mes personnages secondaires dans le texte, où apparaissent soldates, lieutenantes et autres miliciennes.
Agnès de Loignac est également un clin d’œil au personnage de Loignac dans Les Quarante-Cinq, commandant en second de ce groupe de Gascons. Diane de Méridor est quant à elle un clin d’œil à un autre roman d’Alexandre Dumas, La Dame de Monsoreau, dont l’héroïne est… Diane de Méridor.
Ces anecdotes montrent mon attachement à l’œuvre d’Alexandre Dumas. Leurs intrigues l’ambiance cape et d’épée m’ont inspiré dans l’écriture de Peines de mots perdus. Et qui a dit que le prochain roman dans cet univers allait être ouvertement un hommage aux Trois mousquetaires ? ^^
Où les lecteurices pourront-ils te rencontrer dans les prochaines semaines / mois ?
Après une année 2023 très riche en salons, je lève le pied en 2024. Vous pourrez me retrouver :
Du 10 au 13 avril au festival Sirennes de Rennes.
Les 4 et 5 mai sur le stand des Editions Argyll au festival de L’Ouest Hurlant, à Rennes également.
D’autres dates viendront vite complétées ce calendrier, mais j’attends que les annonces officielles soient faites pour les partager.
En mot de la fin, je voudrais remercier mon lectorat en général, et celui du Royaume de vent et de colères verse en particulier.
Si cet univers étendu a vu le jour, avec l’histoire de Sinan dans Du roi je serai l’assassin, celle des lansquenets de la compagnie du Chariot dans La Guerre des trois rois, ou encore le début des aventures anglaises d’Axelle et son jeu de rôle associé dans Noir est le sceau de l’enfer, c’est grâce à votre soutien et votre envie.
Grand merci cinq fois. Un par doigt. ^^
3 comments on "Jean-Laurent Del Socorro : “J’avais envie revenir dans l’univers de Royaume de vent et de colères.”"
bonjour où se trouve le lien vers le pamphlet féministe et sa traduction en français ?
regardez dans notre rubrique “catalogue”.